vendredi 18 février 2011

Balade gourmande dans Toulouse

La Garonne est intimement liée à la vie des Toulousains, si bien qu'il l'appelle Garonne en omettant l'article défini. Ce fleuve leur a apporté la richesse, du temps du pastel, le malheur avec les inondations et la protection contre les épidémies alors que les ponts étaient inexistants permettant ainsi au fleuve de faire écran entre la ville et les hôpitaux. Le pont Neuf, ici représenté, fut inauguré par le roi Louis XIV en personne, le 19 octobre 1659. Pour en connaître plus long sur ce pont chargé d'histoire, cliquer ici. Et savez-vous comment on appelle les trous qu'on retrouve sous le pont entre les arches? Ce sont des dégueuloirs!

Bien que j’adore Paris, et que je la fréquente depuis bientôt 35 ans, avec irrégularité soit, c’est toujours avec une joie évidente que je la quitte pour aller découvrir d’autres régions de France. Cette fois-ci, c’est Toulouse qui nous a attirés, mon mari et moi.

Nous voilà donc dans le TGV Paris-Toulouse à admirer les paysages qui défilent devant nous à une vitesse folle. Les champs de vigne à travers lesquels serpente le train et qui relient de petits villages qui n’attendent que l’été pour exiber leur véritable beauté, nous rappellent, entre quelques roupillons, qu’on est en France. Vite, on retombe dans nos douces rêveries emportés par ce train qui nous amène dans le Sud-Ouest de la France, un rêve à portée de main duquel on se rapproche de minute en minute. Et s’il faisait chaud dans la ville rose. Un 10 degrés nous satisfairait, un 15 nous comblerait… La végétation est de plus en plus verte, on approche…Ca y est, on est arrivés, et …il fait 3 degrés!

Mais cela ne fait rien, ce n’est pas le mercure qui va ralentir notre élan! Vite les gants, on replace le foulard et hop la valise, déjà remplie de trop de livres, contre laquelle je pesterai intérieurement durant tout le trajet de marche de dix minutes entre la gare et l’hôtel où nous serons accueillis avec une telle chaleur que cela nous réchauffe instantanément le cœur. Et c’est bien ce que l’on retiendra de cette jolie ville où la douceur de vivre est manifeste, c’est la chaleur des gens, leur gentillesse. Je n’ai qu’à me souvenir de cette dame qui, derrière son comptoir au musée Saint-Raymond, nous déclare l’amour qu’elle a pour notre chanteur Robert Charlebois, qu’elle suit depuis ses débuts et qu’elle rêve de voir en spectacle, tout ça révélé dans une verve peu commune avec ce charmant accent du Sud. Ou encore de Marina avec qui je discute courges devant son étal au marché bio installé, cette journée-là, devant le Capitole et qui prendra la peine de m’envoyer un chaleureux courriel pour me dire qu’elle a visité mon blog et qu’elle nous souhaite une bonne continuation de voyage. Merci Marina, cela m’a touchée!

On ne peut parler de Toulouse sans parler du fameux cassoulet, ce plat mijoté qui comprend des haricots blancs, du lard, de la couenne, de la saucisse de Toulouse, un saucisson à l'ail cru, de l'agneau, du confit de canard, des oignons, des carottes, de l'ail, un bouquet garni, des clous de girofle et de la chapelure. Ouf! En tout et partout, le cassoulet requiert presque 6 heures de cuisson et exige tout autant de temps pour sa digestion. Épouxcurien et moi avons choisi de le manger, au restaurant La Braisière, le midi, histoire de le marcher dans Toulouse et non dans notre chambre d'hôtel toute la nuit.


Au centre de Toulouse, dans la vieille ville, on retrouve de jolies places à travers lesquelles il est agréable de circuler.


 Sur l'une d'elle, les chevaux attendent patiemment leur cavalier.


Les arbres à feuillage persistant ainsi que les massifs d'arbustes recouverts de feuilles nous rappellent qu'on est dans le Sud, malgré la froidure ambiante.



De jolies rues sont disposées en étoile autour des places. Pour une Québécoise comme moi, plutôt habituée aux rues organisées en quadrilatères, circuler sans me perdre constitue un véritable défi. Mais cela ne fait-il pas partie du charme des vieilles villes françaises?
La brique, choisie comme parement des édifices, omniprésente dans la vieille ville, teinte Toulouse d'une belle couleur rosée. C'est ce matériau qui a inspiré les citadins à appeler leur ville la "ville rose".





Une adorable maison, tout étroite et en hauteur, séduit au premier coup d'oeil.



Au tournant d'une rue, un bistrot à vin et petite faim (trop charmant!) est désert à l'extérieur, avec ce froid de canard. L'enseigne de ce bistrot me rappelle deux enseignes parisiennes qui m'avaient amusée : une crêperie s'appelant Le Petit Grumeau et un restaurant à vins qui annonçait ses couleurs avec détermination : L'Hydrophobe.


La magnifique devanture de la pâtisserie Au Poussin bleu attire le passant comme le ferait un aimant. On pousse la porte et on ne peut qu'admirer la diversité des produits offerts.







Dans mes voyages, j'aime aussi flâner dans les beaux supermarchés. Dans celui-ci, au sous-sol des Galeries Lafayette de Toulouse (corrigez-moi, s'il y a lieu, est-ce bien là?),  je découvre, en vrai, des produits dont j'ai souvent entendu parler dans les recettes françaises. Comme ce... 

... foie gras de canard offert dans les étals, au même titre que d'autres pièces de viande. Il faut dire que c'est une spécialité du Sud-Ouest.


Ou encore la chair à saucisse qui se vend en vrac, tout comme la chair à farce qu'on utilise pour les légumes farcis, si populaires dans le Sud de la France. Ce jour-là, pas de saucisse de Toulouse à Toulouse, dans ce présentoir. Désolée, la vendeuse m'explique que leur toulouse est de la grosseur de la saucisse de gauche et qu'elle ressemble, par sa coloration à celle de droite. Ce sera donc pour une autre fois.



Mardi et samedi, c'est marché bio sur la Place du Capitole, et cela depuis 30 ans! Voici une des caractéritiques des marchés français en plein air : ils sont temporaires et réguliers. Quand c'est fini, hop on remballe tout, un petit coup d'eau donné par la ville pour effacer toutes traces et place à ce même marché ou à un autre dans les jours qui suivent!
C'est là que j'ai fait connaissance de la gentille Marina en jasant "courges". La courge est un de mes sujets de prédilection quand je vais dans un marché. Bien sûr, je suis séduite par tous les autres légumes, mais j'avoue que devant un étal de ces beaux gros légumes, je suis toujours en mode "je veux en connaître plus long"!


Avez-vous remarqué la petite tête de la volaille offerte à la vue des clients?


On peut retrouver la même "petite tête" au supermarché! Ce n'est pas dans l'Amérique aseptisée, qui est la mienne, qu'on voit de telles présentations. Dans mon pays, tout y est décortiqué, fileté.  En France, comme dans plusieurs pays dans le monde, se rappeler qu'un poulet a une tête et qu'un poisson, comme une crevette, ont une paire d'yeux fait partie des moeurs.

J'avais comme plan de visiter le marché Victor-Hugo, un marché intérieur qui m'aurait enchantée, j'en suis convaincue. Malheureusement, j'ai dû faire le choix entre musées ou marché, et je ne l'ai pas regretté, car mon mari et moi avons eu la chance, entre autres, de visiter le musée Saint-Raymond, musée des Antiques. En poussant ses portes, on découvre la cité romaine de Tolosa, les sculptures de la villa de Chiragan et les vestiges d’une nécropole de la fin de l’Antiquité.


Les sculptures romaines de la villa de Chiragan sont dans un état de conservation remarquable. Épouxcurien et moi avons adoré circuler parmi ces bustes sculptés dans le marbre. Presque tous avaient en commun d'avoir le nez cassé, sauf ...


...Marc Aurèle qui a vécu de 121 à 180, empereur de 161 jusqu'à sa mort. La longue barbe caractérise ici l'emprereur-philosophe, auteur des célèbres Pensées. Ce buste a été retrouvé, à une soixantaine de kilomètres de Toulouse, lors des fouilles effectuées à Chiragan entre 1826 et 1828.


Cette jeune femme, aux traits réguliers, arbore une très jolie coiffure, reproduite avec dextérité par le sculpteur. Pour en connaître plus long sur le musée Saint-Raymond, c'est par ici.


En français, le mot "pastel" renvoie aussi à un pigment de couleur bleu obtenu à partir d'une plante, nommée pastel, dont voici la définition : "Plante dicotylédone, herbacée, crucifère, des régions tempérées, dont la tige et les feuilles fournissent une matière colorante bleue, cultivée autrefois comme plante tinctoriale ou fourragère". Cette plante à fleurs jaunes (c'est quand même paradoxal!) fait la richesse de Toulouse aux XVe et XVIe siècles. Mais quand l'indigo, qui a des propriétés semblables, apparaît sur le marché, en provenance de l'Inde à moindre coût, le déclin du pastel s'amorce.


Un jour, en 1996, Denise et Henri Lambert décident de faire revivre ce pigment en reprenant sa production dans une vieille tannerie qu'ils achètent à Lectoure.  La Fleurée de Pastel, une de leurs boutiques qui a pignon sur rue à Toulouse, offre une panoplie de produits teints à partir du fameux pigment. Cet endroit, où l'on n'y vend que de jolies choses, a même une vendeuse, charmante d'ailleurs, dont les yeux sont bleus ... pastel. Pour qui veut satisfaire sa curiosité sur le pastel, c'est par ici et par . Aussi pour visionner un petit film très bien fait qui explique le processus de fabrication du pigment, il suffit de cliquer ici




Au revoir Toulouse! La prochaine fois, on aimerait bien se promener sur les bords de Garonne et t'admirer quand tu es parée de tous tes atours d'été. Et puis ce serait tellement agréable d'avoir la chance de te voir dans tes fringues roses, au soleil couchant!

9 commentaires:

  1. Bonsoir Lou,
    Je suis la prem !!!
    Félicitations pour ce second reportage très enrichissant tant pour les québecois que pour les français...

    Je vois que tu as aimé Toulouse cette belle ville rose que j'ai découverte il y a plusieurs années et beaucoup aimée également.

    Vous avez dégusté le célèbre cassoulet... Une vraie spécialité dont on se régale, mais il faut beaucoup marcher ensuite !!!!!!

    J'aime que tu me fasse redécouvrir ces petites rues étroites et charmantes de cette belle ville rose.
    Les pâtisseries du Poussin Bleu me mettent l'eau à la bouche ... surtout les "Royaumes"... Et la belle plaque de chocolat avec les pistaches, amandes et noisettes.

    Tu me fais sourire, lorsque tu dis que les crevettes ont des yeux ... cela me rappelle notre conversation à l'Edoniste !!!! :-)

    Je ne connaissais pas ce splendide musée Saint-Raymond, merci de me le faire découvrir, j'adore les antiquités romaines.
    Bravo pour ce bel article, tu es un excellent guide...
    Mr Epouxcurien me semble bien grand par rapport à toi ...
    Gros bisous
    Patricia

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  2. Je crois que je n'y suis jamais allée ou juste en passant.

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  3. Hello ma chère lou,
    Merci pour ce beau reportage tout rose ! Ou presque car il faisait froid...
    Je suis heureuse que ton séjour t'ait plu, c'est vrai que toulouse est une ville magnifique !
    J'ai oublié de te demander si Robert Charlebois chante encore ?
    Bises d'Isa-Marie

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  4. Chère Lou
    Merci pour ce beau reportage sur la ville de Claude Nougaro. La plus belle des façons pour découvrir la région Sud-Ouest de la France, c'est de s'offrir la descente (ou la remontée) du Canal du Midi en pénichette au mois de Mai. Pendant une semaine lentement au fil de l'eau on découvre loin des routes des paysages si différents. Lorsqu'on passe dans les villages en voiture on voit le côté rue des maisons, mais en pénichette c'est le côté jardin qui arrive jusqu'au bord du canal et c'est magnifique. Pas de bruit, le matin on se réveille au chant des grenouilles et des canards. C'est un souvenir inoubliable. Aux arrêts on prend les vélos pour s'égayer dans la campagne et les villages.
    La région est si belle qu'elle attire de plus en plus de gens. Et je ne parle pas de la gastronomie....! et des vins....!
    Bon Week-end et encore merci pour ce reportage.

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  5. Tu as magnifiquement photographié la ville rose. Mes deux années y sont nés, c'est dire si je connais... un peu. Le foie gras dans les supermarchés me manquent particulièrement. Il faisait partie de notre alimentation pas toutes les semaines mais souvent. Pour le cassoulet je vois que tu as étudié ton sujet en fine cuisinière, 6 à 7 heures de cuisson et surtout en cassant 7 fois la croûte qui se reforme, un délice même si tu as raison il faut prévoir un temps de digestion. Bon week-end.

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  6. Superbes photos... Ah! la France...

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  7. Je ne connais pas la ville rose, je t'ai donc suivie avec plaisir dans ton reportage !

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  8. Vous avez dû vous régaler. Très jolie ville.

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  9. Que de beaux produits (et de belles photos!)

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